Bientôt dix ans et il n’y a toujours pas de sortie de crise financière. Il n’y a qu’une inflation de la dette, induite par une politique monétaire d’une banque centrale aux aguets, et qui n’a pas produit la croissance mais qui a engagé une perte de temps.
Et aujourd’hui, le temps est la ressource la plus précieuse entre toutes.
Sa mauvaise utilisation est lourde de conséquences à moyen et long terme.
Toutes les études empiriques — y compris celles qui sont réalisées par les économistes de la BCT — le confirment: Les stimuli monétaires exercés à plusieurs reprises au cours des dix dernières années n’ont pas réussi à booster la croissance… L’endettement des agents (publics et privés) a explosé et les perspectives de dépenses d’investissement actuelles et futures sont très limitées. Les ménages sont contraints de désépargner plus pour assurer un semblant de niveau de vie.
En même temps, l’argent facile circule… Ah bon ? vraiment ?
Les banques (BCT en tête) font de grands bénéfices et contribuent à accroître la taille de la base monétaire du pays (des mots, des statistiques). Et pourtant, rien ne bouge au niveau de la sphère réelle. Ni la croissance ni l’investissement créateur d’emploi.
Pourquoi ? Les décideurs ont échoué car en voulant administrer la quantité de cash dans le système, ils (les décideurs) veulent limiter la rapidité avec laquelle le cash se déplace et donc à vouloir limiter les dépenses des agents et donc l’inflation.
Sauf que ce n’est pas du tout ce qui s’est passé depuis les dix dernières années. Il s’avère — et on finira par se l’avouer — que plus les agents sont incertains sur l’avenir, plus ils deviennent traditionalistes (au propre et au figuré)… ils anticipent la perte de confiance dans les banques, mais pas dans le cash.
Cibler des objectifs d’inflation avec des mots, des taux prohibitifs conduit les agents et les ménages à détenir plus de fric sous les matelas.
Le manque de confiance engendre la peur et décourage l’activité.
L’inflation s’applique aussi au langage : cibler les taux d’intérêts (qui sont des prix) n’a pas de sens si, par ailleurs, il n’y a pas de politique des prix et des marges.
Finalement, le seul moyen efficace d’influencer les anticipations inflationnistes, c’est d’administrer les prix et les marges (c’est du ressort du ministère du Commerce) pour affaiblir la confiance qu’ont les agents en la thésaurisation et la possession de cash.
Dr Tahar El Almi :
Economiste-universitaire